La réparation des restaurations
Contexte
Les restaurations dentaires défectueuses sont fréquentes dans la pratique dentaire générale. Le remplacement de ces restaurations est bien souvent coûteux et nécessite de sacrifier des tissus dentaires sains, compromettant ainsi la vitalité de la pulpe dentaire et susceptible d’accélérer le cycle de restauration ou la perte prématurée de la dent.
Grâce aux progrès réalisés en matière de techniques adhésives, la réparation des restaurations fait désormais partie intégrante de l’odontologie mini-invasive, mais doit être envisagée au cas par cas.
Les études actuelles sur l’opinion et l’expérience des dentistes s’agissant de la réparation des restaurations indiquent que cette méthode est de plus en plus acceptée par les praticiens dentaires et les patients1. Néanmoins, la réparation des restaurations n’est pas une pratique courante à l’échelle mondiale, notamment en raison de l’absence de directives internationales2, du manque d’informations sur les résultats cliniques à long terme3, de l’évolution permanente des matériaux et des technologies4,5 ainsi que des disparités des programmes d’enseignement dentaire et des systèmes de santé2.
Périmètre
La présente Déclaration de principe de la FDI donne une orientation sur le diagnostic de restaurations défectueuses fabriquées à partir de différents matériaux directs et indirects, en tenant compte des critères reconnus d’évaluation de la qualité sur la base d’examens visuels, tactiles et radiographiques ainsi que de l’état de la dent et du patient, et définit des mesures permettant de déterminer s’il convient de réparer ou de remplacer les restaurations et la méthode à utiliser.
This Policy Statement defines measures for decision making on when and how to repair and when to replace restorations.
Définitions
Réparation : Correction d’une restauration cliniquement inacceptable afin qu’elle devienne cliniquement acceptable, en adoptant une approche mini-invasive par l’ajout d’un matériau de restauration
Réfection : Procédure consistant à éliminer les surplombs et les irrégularités, redéfinir les surfaces, traiter la décoloration et lisser ou laquer les surfaces afin d’améliorer la restauration dentaire et d’en retarder la réparation
Scellement : Réfection consistant à combler les pores et petits trous superficiels par l’ajout de vernis ou d’amalgame et, parfois, d’une couche supplémentaire de scellant ou d’un matériau fluide
Principes
L’ablation de tissus dentaires sains entraîne nécessairement des dommages irréversibles et n’empêche pas la cavité de s’étendre lors du remplacement des restaurations, quel que soit le matériau utilisé. La réparation des restaurations permet de préserver la structure et la vitalité dentaires, d’accroître la longévité de la restauration restante, de réduire la durée d’intervention, d’éviter le recours à l’anesthésie locale, d’atténuer la phobie dentaire et, de manière générale, d’économiser des ressources.
Déclaration
La Fédération dentaire internationale (FDI) encourage à modifier la gestion des restaurations défectueuses, notamment via l’enseignement des protocoles requis en matière de réparation des restaurations défectueuses dans le cadre du programme de premier cycle et de la formation continue.
Le risque de développement de lésions carieuses présenté par le patient, l’état clinique et le pronostic de la dent restaurée à titre individuel, l’analyse coûts-avantages, les antécédents médicaux et la phobie dentaire sont des facteurs essentiels à prendre en compte lors de la prise de décision en matière de réparation. La réparation vise avant tout la survie de la dent, c’est pourquoi il faut systématiquement écarter la possibilité d’une réparation et en identifier la cause profonde avant de procéder à un remplacement total.
La réfection est généralement efficace en cas de coloration et surplomb superficiels des restaurations, tandis que la pénétration profonde d’une (faible) coloration ou de défauts peut nécessiter une réparation ou un remplacement total afin d’obtenir un résultat esthétique convenable6.
Les protocoles de réparation dépendent du matériau de restauration en présence et des instructions spécifiques du fabriquant, ainsi que de la durabilité de l’adhésion obtenue sur le substrat et de la localisation dans la cavité buccale. Ces protocoles peuvent requérir l’utilisation de divers instruments et méthodes et l’application méticuleuse de produits chimiques4.
- Préparation des surfaces : toutes les surfaces de la restauration à réparer doivent être préalablement nettoyées à l’aide d’une pierre ponce ou d’une pâte à polir. Les zones friables/fissurées des surfaces doivent être éliminées et lissées, par exemple avec une fraise diamantée à grain fin.
- Préparation physique : la résine composite, l’amalgame, le zircone et les parties métalliques exposées des reconstructions céramo-métalliques nécessitent le recours préalable à une méthode de préparation physique via l’utilisation de particules abrasives en suspension (particules d’alumine, enrobées ou non de silice) ; les céramiques de recouvrement à matrice vitreuse peuvent, quant à elles, être traitées à l’acide fluorhydrique tamponné afin d’obtenir une adhésion micromécanique (dans le respect des mesures de précaution et des directives nationales).
- Préparation chimique : l’étape suivante consiste en la préparation chimique des substrats à l’aide d’agents de couplage comme le silane pour les résines composites hybrides et les céramiques en silicate, ou d’apprêts à base de 10-MDP pour le zircone, suivie de l’application d’une résine adhésive puis de sa photopolymérisation.
En cas de surfaces métalliques exposées, il est recommandé de procéder à une silicatisation tribochimique de la surface à l’aide de particules enrobées de silice (CoJet), puis à une silanisation (avec du silane) et à l’application d’un adhésif. - La résine composite, qui fait office de matériau de réparation, peut ensuite être fixée aux surfaces ayant subi la préparation physique et chimique, puis photopolymérisée.
- Enfin, la zone réparée est vernie et polie.
- En présence de substance dentaire près de la restauration à réparer, la surface de cette dernière doit d’abord être traitée à l’aide d’une méthode de préparation physique adaptée, puis la surface de la dent doit elle-même subir une préparation physique (traitement à l’acide phosphorique). En présence de plusieurs substances, il est recommandé de procéder à la préparation chimique de la restauration avec du silane ou plusieurs apprêts (notamment à base de 10-MDP), puis à la préparation chimique de la restauration et de la surface de la dent à l’aide d’une résine adhésive.
Avertissement
Les informations figurant dans la présente Déclaration de principe sont fondées sur les données scientifiques les plus fiables disponibles au moment de la rédaction et peuvent être interprétées de manière à tenir compte des sensibilités culturelles et contraintes socioéconomiques actuelles.
Références
- Kanzow P., Wiegand A., Göstemeyer G., Schwendicke F. Understanding the management and teaching of dental restoration repair: systematic review and meta-analysis of surveys. J. Dent. 2018 ; 69 : 1-21.
- Sharif M. O., Catleugh M., Merry A., Tickle M., Dunne S. M., Brunton P., Aggarwal V. R., Chong L. Y. Replacement versus repair of defective restorations in adults: resin composite. Cochrane Database Syst. Rev. 2010 ; 2 : CD005971.
- Estay J. Martín J., Viera V., Valdivieso J., Bersezio C., Vildosola P., Mjör I. A. In Memoriam, Andrade M. F., Moraes R. R., Moncada G., Gordan V. V., Fernandez E. 12 Years of repair of amalgam and composite resins: a clinical study. Oper. Dent. 2018 ; 43 : 12-21.
- Loomans B., Özcan M. Intraoral repair of direct and indirect restorations: procedures and guidelines. Oper. Dent. 2016 ; 41 : S68-S78.
- Hickel R., Brüshaver K., Ilie N. Repair of restorations-Criteria for decision making and clinical recommendations. Dent. Mater. 2013 ; 29 : 28-50.
- Moncada G., Martin J., Fernández E., Hempel M. C., Mjör I., Gordan V. V. Sealing, repair and refurbishment of class I and class II defective restorations: a three-year clinical trial. J. Am. Dent. Assoc. 2009 ; 140 : 425-432.